Le massif de Haye

Présentation

Le massif est situé en Meurthe-et-Moselle, à l’Ouest de l’agglomération nancéienne. Il est localisé sur un vaste plateau calcaire enserré dans la boucle de la Moselle qui s’étire à l’Ouest jusqu’à Toul.

En arrivant à la hauteur de Messein, la Moselle venant des Vosges, butte sur une côte calcaire. Elle contourne cette butte calcaire en allant vers l’Ouest où elle rejoignait primitivement la Meuse à Pagny-sur-Meuse. Un événement géologique majeur au Quaternaire lui a fait quitter le bassin versant de la Meuse pour s’incurver vers l’Est. La Moselle rejoint la Meurthe à la hauteur de Pompey.

C’est dans cette boucle que se trouve le plateau de Haye qui monte en pente douce d’Ouest vers l’Est en suivant le pendage des couches calcaires pour tomber en « falaises » sur l’agglomération de Nancy. 

La forêt de Haye constitue un massif forestier d’environ 12 000 ha, dont la grande majorité (6 500 ha de forêt domaniale) appartient à l’État et ceinturée de forêts communales (3500 ha) plus une partie de forêts privées.

Elle est délimitée :

  • à l’Est par les zones urbanisées de Nancy (Maxéville, Laxou, Villers-les-Nancy, Vandoeuvre-les-Nancy, Houdemont),
  • au Sud et au Nord par la vallée encaissée de la Moselle,
  • à l’Ouest par  Villey-le-Sec, Gondreville, Bois-en-Haye et Aingeray.

Son importance pour la population

Le massif forestier est facilement accessible aux habitants de l’agglomération nancéienne mais aussi à ceux des villes et villages installés dans la boucle de la Moselle. 300 000 habitants vivent à une distance proche de la forêt de Haye.

Depuis les années 1970, il est coupé par l’autoroute A31 reliant les deux agglomérations de Nancy et de Toul.

Il faut rappeler que si la forêt de Haye existe encore de nos jours, c’est suite aux décisions des ducs de Lorraine au XVIe siècle. A cette époque, les abus du pâturage l’avaient transformée en un taillis très clair (les « fourasses »). Les premières mesures de protection furent prises par le duc Antoine, à partir de 1535 et avaient pour principal objet de favoriser la chasse réservée au duc. Un réseau de chemins modernes, disposé en étoile, fut établi.

A la fin du XVIIe siècle, il servit à l’exploitation du bois, stimulée par les travaux de construction de la Ville Neuve de Nancy. Les besoins en bois d’œuvre amenèrent à traiter la forêt en taillis sous futaie, régime qui régna d’une manière continue jusqu’en 1832. La conversion en futaie ne fut décidée que dans le cadre de l’aménagement de 1859.

Longtemps, la forêt tint une place considérable dans la vie des commu­nautés villageoises limitrophes.

Les habitants des villages de la bordure avaient surtout besoin de bois pour la fabrication des instruments de culture (hêtre), des échalas pour la vigne (charme) et la confection des tonneaux (chêne). Les uns et les autres prati­quaient l’affouage dans la forêt voisine pour avoir le bois nécessaire à l’entretien des foyers.

Une forêt grignotée

L’agglomération nancéienne, suite à son expansion, est arrivée partout à la limite de la forêt.

Au Nord-Ouest de la ville, la ferme Saint-Jacques et le Champ-le-Bœuf constituaient autrefois une zone tampon, de caractère agricole, entre l’agglomération et la lisière forestière. En 1972, toute cette partie du plateau s’est vue couverte   de constructions et de zones d’activités.

Des déboisements ont été pratiqués au moment de la construction de la route de contournement A33 au Sud de Nancy (1938, 1955 et 1974), le long de la RN74 notamment pour les besoins de l’édification du Centre Hospitalier de Brabois. Le doublement de la RN4, portée à quatre voies, s’est traduit par un nouveau gri­gnotage autour de l’échangeur avec l’A33.

Ces dernières décennies, une partie de la forêt a été perdue à la suite d’emprises routières, du fait du passage des lignes à haute tension et par des lotissements publics et privés.

Implantations militaires

La fonction de grande place-forte militaire de l’Est de la France, qui fut celle de Nancy après 1870, n’a pas manqué de laisser des traces dans le paysage forestier comme par exemple, la batterie de l’Éperon destinée à renforcer le Fort de Frouard. C’est un ensemble militaire construit dans les années 1880 (après l’annexion de l’Alsace et de la Moselle). Ces nécessités de défense nationale ont apporté à la forêt des nuisances sup­plémentaires. Des déboisements importants ont été opérés au Nord-Est du massif, lors de la construction du fort de Frouard après 1870 et beaucoup plus récemment en plein cœur de la forêt lors de l’implantation du Camp Américain fermé en 1969.

Les autorités militaires ont empêché, pour des raisons stratégiques, la poursuite de l’exploitation du minerai de fer sous la forêt de Haye. Ce sont également des raisons militaires qui ont amené l’ouverture de routes stratégiques ayant complété la trame des anciennes allées forestières.

Deux vastes champs de tir y ont été aménagés très proches de la ville à une époque où les déplacements des soldats ne se faisaient qu’à pied.

Notre patrimoine

Outre son passé militaire, la forêt de Haye renferme des vestiges témoignant de la présence de l’homme depuis la préhistoire (la cité d’Affrique, enceinte préhistorique de la Fourasse, voie romaine, vestige de l’abbaye de Clairlieu).

Histoire du plateau de la forêt de Haye

Au Néolithique

Les hommes vivaient dans des grottes et des cavernes, essentiellement en bordure du plateau de Haye sur le versant sud. Cette population était alors principalement constituée de chasseurs et de cueilleurs, il y avait peu d’agriculture et la forêt occupait le plateau. Des fragments de poteries, de haches et divers outils ont été retrouvés.

A l’âge de Bronze et du  Fer

Les hommes se déplacaient et s’installaient principalement au bord du plateau afin de pouvoir bénéficier des sources, du bois, de la chasse et du minerai. On retrouve des traces sous forme d’éperon fortifié (oppidum) dans le bois de la Fourrasse de Champigneulles, sur la butte Sainte Geneviève et au camp d’Affrique de Ludres-Messein.

De cette époque, datent aussi une vingtaine de tumuli découverts dès 1885 (Villers et Brabois) mais également des bas-fourneaux, une zone de rejet de scories et les parois d’un four (Villers en 1983) et des  Fonds de Monvaux en 2010.

 Lors de la période Gallo Romaine

 En 2007, les services d’archéologie, associés à l’ONF ont survolé la forêt à l’aide d’un avion équipé d’un système laser (le Lidar). Cela a permis de mettre en évidence la plus grande zone de vestiges parcellaires de la région. Ils ont pu observer des pierrées, des enclos, des habitats et des voies, « véritables paysages fossilisés » recouverts par la végétation, qui montrent bien que la forêt actuelle a été habitée. Cette période voit le développement de l’élevage et de l’agriculture  et la forêt avait alors pratiquement disparu. On peut encore apercevoir les traces de la voie gallo romaine, en parallèle de la route de Martinvaux.

Au Moyen-Age

La forêt est décrite comme un lieu hostile et désert ; les lisières et coteaux sont essentiellement utilisés mais les abus du pâturage l’ont transformée en taillis très clairs . Elle est alors parcourue de chemins qui reliant les villages entre eux.

Au XVIème siècle

Les Ducs de Lorraine mirent en place les premières protections de la forêt : elles avaient pour principal objet de favoriser la chasse et le commerce du bois. C’est à partir de de 1535 que le Duc Antoine fit construire un réseau de chemins disposés en étoiles avec des carrefours comme celui des Six Bornes. Au 17ème siècle, ce réseau servit à l’exploitation du bois, en plein essor du fait de la construction de la Ville Neuve décidée par le Duc Charles III.

Longtemps, la forêt tint une place considérable dans la vie des villageois. Des textes précis limitaient l’envoi du bétail en forêt. Les habitants des bordures Ouest, dont l’économie reposait sur des terres labourées, avait surtout besoin de bois de hêtre pour la fabrication de leurs outils. Ceux de la bordure Sud et Est recherchaient plutôt le charme pour tailler les échalas de la vigne et le chêne pour la confection des tonneaux. Les uns et les autres pratiquaient l’affouage qui au XIXème siècle tenait une très grande place dans l’économie des communes.

Au XXème siècle

La forêt fut le terrain d’exploitations minières (minette de fer) et subsistent encore, dans son sous-sol, des centaines de kilomètres de galeries.  Si l’agriculture, l’élevage et le chauffage au bois reculent, la forêt devient un terrain de promenades, de sports, de détente et la population prend conscience alors de la richesse de ce patrimoine.

Au XXIème siècle

10 414 ha de la forêt de Haye sont  classés en forêt de protection le 30 octobre 2018 ; il s’agit du statut réglementaire le plus protecteur pour une forêt, particulièrement bien adapté pour les forêts proches des grandes villes. Les parties du massif classées sont ainsi préservées de tout défrichement et de tout nouveau projet d’urbanisation ou d’artificialisation qui porteraient atteinte à leur intégrité, sans remettre en cause leur vocation multifonctionnelle et notamment économique.